Les ateliers philo ne suffiront pas seuls à régler les problèmes de harcèlement à l’école. En revanche, ces ateliers de réflexion et de discussion permettent de développer des compétences psychosociales essentielles. En effet, elles sont, en soi, des conditions pour faire évoluer l’emploi de la violence, jusqu’à en favoriser parfois son abandon. Grâce à ces échanges en collectif, le langage se fait précis. Il s’enrichit et la pensée avec lui. Or, on sait que nombre de problèmes de violence sont liés à l’incapacité d’exprimer ce que l’on ressent. Pourtant, mettre à distance ses émotions est nécessaire pour bien penser, pour soi et avec les autres. Avec un enseignant formé et outillé pour animer cette pratique pédagogique en classe, c’est l’opportunité de développer l’écoute et l’empathie, voir que l’on peut échanger des points de vue différents, et respecter les différences.

Réguler son rapport à soi et aux autres avec les ateliers philo

Un atelier philo c’est une véritable « oasis de pensée » comme aime à dire la chercheuse et professeure des Universités Edwige Chirouter. Du point de vue pédagogique, c’est aussi un cadre : 

  • un aménagement de l’échange via un bâton de parole ou des fonctions attribuées aux élèves pour co-animer la discussion ;
  • une posture et une préparation sur le fond par l’animateur ;
  • des règles à respecter par les élèves. 

Et réguler son rapport aux autres par les règles, c’est aussi apprendre à les intégrer pour se réguler soi-même, cadrer ses propres impulsions. 

Je reprends notamment ici les propos d’Edwige Chirouter et de Jean-Charles Pettier, également chercheur et docteur en Sciences de l’éducation et en philosophie, tous deux référents philosophiques et pédagogiques de Lili :

« Dans les échanges se développent une autre perception de l’autre : non plus simplement celui que j’apprécie spontanément, mais celui qui est porteur d’idées qui sont dignes d’intérêt et ne se confondent pas avec mon ressenti de la personne. D’ailleurs, dans ces échanges, on habitue progressivement les élèves à ne plus dire : « Je ne suis pas d’accord avec untel », mais « Je ne suis pas d’accord avec l’idée d’untel » ou « J’ai une idée qui est différente de la sienne ». »

Des premiers ateliers philo, il y a 27 ans, au débat sur l’empathie et le harcèlement

On retrouve ici la pensée de Jacques Lévine, psychologue et psychanalyste qui, il y a 27 ans déjà, fondait en France les Ateliers philosophie avec une institutrice de maternelle, Agnès Pautard, et un inspecteur de l’Éducation Nationale, Dominique Sénore. Ces ateliers qui se déroulent en maternelle, à l’élémentaire et au collège, ne sont pas un enseignement de la philosophie. C’est une préparation à la pensée philosophique dès le plus jeune âge, où chaque élève va apprendre à : 

  • prendre du recul et structurer sa réflexion ;
  • sortir des exemples pour conceptualiser ;
  • construire une argumentation et la confronter face au groupe ;
  • s’affirmer en public tout en développant à la fois son esprit critique et son écoute de l’autre. 

Un élément majeur dans ces ateliers est le statut donné à chaque élève, celui “d’interlocuteur valable ». L’occasion pour toutes et tous de se sentir valorisés, d’avoir le droit à la parole et au respect, les idées exprimées étant alors examinées par le groupe – sous la coordination de l’animateur – avec bienveillance et rigueur. Des pratiques particulièrement favorables aux élèves en difficulté à l’école, d’ailleurs, du fait de cette reconnaissance par les autres, pour amoindrir certaines frustrations pouvant conduire à la souffrance et à son expression par la violence. Grâce à ces échanges, ils peuvent en outre se rendre compte que s’ils sont en colère, d’autres peuvent l’être aussi, face à certaines situations injustes ou difficiles.

Philosophie pour enfants, climat scolaire et harcèlement

Je poursuivrai par ces mots d’Edwige Chirouter et Jean-Charles Pettier, que vous pourrez retrouver plus longuement étayés dans le podcast « Les échanges philosophiques aident-ils à régler la violence ? » de l’application Lili

« Ces échanges sont l’occasion d’examiner les problématiques de la vie en société et de la vie politique, autant d’éléments qui aideront peut-être les élèves à mieux penser le sens de la présence à l’école, celui du « vivre ensemble ». » 

Ceci explique que la philosophie pour enfants ait fait l’objet de tant de recherches sur le climat scolaire et le harcèlement (comme Jean-Charles Pettier a pu le faire aux côtés d’Eric Debarbieux et Benjamin Moignard) et soit aujourd’hui soutenu par l’UNESCO pour en développer sa pratique au niveau international, sous l’égide d’Edwige Chirouter, justement.

Vers une réflexion sur l’outillage et la formation des enseignants

Verbalisation des émotions, travail sur l’oralité en français, éducation à la citoyenneté… à l’heure où le débat fait sens sur la mise en œuvre de ces cours d’empathie, et comment ceux-ci devraient s’inscrire en rebond d’une institution qui valorise et accompagne l’ensemble de la communauté éducative dans cette démarche, l’assistant pédagogique audio Lili est aujourd’hui utilisé dans plus de 6 000 classes. Près d’1 classe sur 5 en réseaux d’écoles prioritaires. 

Choisie par le Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse dans le cadre des TNE pour développer les compétences psychosociales au service du bien-être dès la maternelle (à travers des temps calmes, de l’art et de l’improvisation et des ateliers philo), l’appli Lili est également lauréate du programme d’accélération Passerelles de la Banque des Territoires x makesense.

De quoi faire de Lili un « interlocuteur valable » pour nourrir une autre réflexion collective, aux côtés de la DGESCO et d’autres acteurs tels que Réseau Canopé, l’Association SEVE – Savoir Etre et Vivre Ensemble ou l’UNESCO : l’outillage et la formation des enseignants, de la maternelle au collège, à cette pratique d’ateliers philo avec les enfants !